4e Sommet Chine-Afrique: Pour une nouvelle coopération stratégique!
Beijing, la capitale chinoise accueille du 04 au 06 septembre 2024, le quatrième sommet du forum sur la coopération sino africaine (FOCAC ) Une rencontre au sommet qui verra la participation du chef de l’État Camerounais.
Également connu sous l’appellation FCSA, le FOCAC, est une plateforme qui favorise les relations entre les pays africains et la Chine. Ce forum a pour objectif de mener les consultations sur un pied d’égalité, et ensuite d’approfondir la connaissance mutuelle, d’élargir les terrains d’entente, de renforcer l’amitié et de promouvoir la coopération organisé tous les trois ans. Ce forum réuni désormais, la grande majorité des pays africains qui étaient 44 lors des premières éditions des FOCAC. Le FOCAC a été calqué sous le modèle du forum France-Afrique ou celui du sommet Japon-Afrique à travers la TICAD ( conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique).
Le 4e sommet du Forum sur la coopération sino-africaine qui va s’ouvrir à Beijing du 4 au 6 septembre, se déroule à un moment critique : les économies africaines sont toujours affectées par l’instabilité causée par la pandémie de COVID-19, et la colère grandit face aux conséquences économiques d’une dette insoutenable envers la chine. Celle ci s’exprime souvent à travers quelques manifestations populaires dans certains pays où les populations exigent l’équité, la justice et la transparence dans la gestion des ressources y compris dans les relations des gouvernements africains avec ces puissances extérieures. Les gouvernements sont également soumis à des pressions pour qu’ils respectent leurs engagements de faire progresser leurs économies dans la chaîne de valeur et de passer de l’aide à un commerce équitable.
Le plan d’action de Dakar (2022-2024), du FOCAC , propose un plan global de promotion et de facilitation du commerce, d’accès stratégique au marché et de valorisation des produits. La Chine s’est engagée à importer pour 300 milliards de dollars de marchandises en provenance d’Afrique entre 2022 et 2024. Elle a également offert 10 milliards de dollars pour améliorer la qualité des exportations africaines et une ligne de crédit de 10 milliards de dollars pour aider les petites et moyennes entreprises à exporter des produits de haute qualité sur les marchés chinois. Cependant, le suivi de ces engagements est difficile, et il n’est pas certain que ces objectifs soient atteints, ni quand ils pourraient l’être.
Le FOCAC est encore largement façonné par une dynamique donateur-bénéficiaire, dans laquelle les pays africains restent en retrait tandis que la Chine prend l’initiative d’une grande partie de l’ordre du jour.
La Chine avait publié sa Vision 2035 de la coopération sino-africaine peu après le sommet de Dakar. Élaboré avec les contributions des pays africains, ce document reprend les priorités de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), notamment en ce qui concerne les partenariats de développement, le commerce et l’investissement, la croissance verte, le développement des ressources humaines et l’industrialisation. Curieusement, les pays africains n’ont pas rédigé leur propre document exprimant les intérêts de l’Afrique et expliquant comment la Vision 2035 pour la Chine et l’Afrique pourrait faire progresser leurs plans de développement nationaux.
De ce fait, la vision de la Chine à l’horizon 2035 montre clairement que la Chine considère son engagement avec les pays africains comme un moyen de faire progresser sa quête du statut de grande puissance. Cependant, les citoyens africains demandent avec insistance aux gouvernements africains de remédier à ces lacunes afin de garantir que les africains ordinaires tirent le maximum de profit d’une initiative qui aime se présenter comme un modèle de « gagnant-gagnant*
Le 4e sommet du FOCAC aura une structure légèrement différente des précédentes puisqu’il sera organisé autour de comités thématiques co-présidés par la Chine et un pays africain. La représentation chinoise proviendra très probablement du comité de suivi du FOCAC, composé de 37 agences chinoises. La réunion du FOCAC est le point culminant d’une série d’engagements visant à établir l’ordre du jour, en commençant par le corps diplomatique africain à Beijing, une réunion de hauts fonctionnaires qui rassemble les propositions, une conférence ministérielle pour les affiner, et enfin le sommet du FOCAC.
Les prêts chinois en Afrique ont été multipliés par cinq dès l’an 2000, date de la création du FOCAC, et 2020, pour atteindre 696 milliards de dollars. Les bailleurs de fonds chinois représentent aujourd’hui 12 % de la dette publique et privée de l’Afrique, ce qui fait de la Chine un acteur central dans le débat sur la viabilité de la dette africaine et l’emprunt responsable. La Chine a toutefois tendance à ne pas envisager de remise ou d’annulation de la dette, comme l’ont découvert des pays très endettés tels que l’Angola, l’Éthiopie, le Kenya et la Zambie.
Le Projet d’information Afrique-Chine s’efforce quant à lui d’améliorer la qualité de l’information délivrée sur les relations entre l’Afrique et la Chine.
À cet effet, le FOCAC 2024 va s’atteler à aplanir les malentendus entre partie chinoise et africaine pour trouver un consensus qui puisse arranger les deux parties. Le Chef de l’État Camerounais qui y conduit une importante délégation va scruter sur l’exploitation de son potentiel minier (Mbalam , Lobe – Kribi )entre autres et notamment sur le transport avec des nouvelles lignes ferroviaires destinées au transport des dites mines , les financements pour les phases 2 des autoroutes Yaounde – Douala, Yaoundé Nsimalen.D’autres parts les négociations pour la finalisation des financements de la phase 3 du port en eaux profondes de Kribi pourraient également figurer au menu de la rencontre entre Xi Jinping et Paul Biya.
Le sommet FOCAC 2024 est en passe de battre tous les records en ce sens que 53 chefs d’État ont confirmé leur participation à cette neuvième édition, seul le Swaziland actuelle ESWATINI, qui n’y prendra pas part du fait de sa proximité avec Taiwan que la Chine considère comme partie intégrante de son territoire. Depuis près de deux décennies, la Chine se positionne comme le premier partenaire commercial des pays africains. Ce pays a accordé ces dernières années aux pays africains une ligne de crédit de 168 milliards de dollars US pour les projets de développement.
Cette quatrième édition va mettre en relief la belt and road initiative (BRI), l’initiative de la route de la ceinture. Il s’agira donc certainement pour le président chinois de rassurer ses homologues africains quant à la Chine de continuer à soutenir l’Afrique malgré la réduction des prêts chinois en direction du continent africain, qui a également conduit à une réduction des financements chinois vers l’Afrique. Il faut mentionner que l’intérêt des pays africains pour ce sommet sera observé par le nombre et le statut des participants. Ainsi, une très grande participation des chefs d’État africains sera une grande victoire diplomatique pour Beijing, surtout dans un contexte de rivalité géopolitique croissant avec les États-Unis, et d’autre pays occidentaux, de quoi projeter l’image d’une influence chinoise toujours intacte sur le continent.
François ESSOMBA