Cameroun/Discours haineux : La CDHC condamne les propos de Clause Abe, Benjamin Zebaze et Dieudonné Essomba !
Dans un communiqué publié ce vendredi 21 avril 2023, la Commission des droits de l’homme (CDHC) se dit alarmée par l’accroissement des dérives langagières qui portent frontalement atteinte aux Droits de l’homme et menacent le vivre-ensemble harmonieux au Cameroun.
Depuis les campagnes électorales de la Présidentielle 2018 au Cameroun, les discours de haine et de tribalisme gagnent du terrain. Mais la goutte d’eau de trop qui a fait rompre le silence à la CDHC, sont les propos qualifiés de tribalistes tenus le 16 avril 2023 au cours du programme Tv « Club d’Elites » sur Vision4 télévision par le Professeur de sociologie Claude Abé. Ce dernier a suscité de nombreux commentaires dont ceux de l’économiste Dieudonné Essomba et du journaliste Benjamin Zebaze tout aussi qualifiés de « discours de haine » par la CDHC.
La Commission des Droits de l’homme a condamné fermement les propos de Claude Abe sur Vision 4. La CDHC a par ailleurs invité les professionnels des médias à plus de responsabilités dans la conduite des débats télés.
Dans ce communiqué on peut clairement lire: « la Commission », a pris connaissance, avec consternation, des propos haineux empreints de tribalisme, tenus par Monsieur Claude ABE, l’un des invités de l’émission « Club d’élites » diffusée en direct sur la chaine de télévision Vision 4 le dimanche 16 avril 2023.
Au cours de l’émission télévisée susmentionnée, Monsieur Claude ABE a notamment fait les déclarations ci-après. « Comment pouvez-vous comprendre qu’aujourd’hui un certain nombre d’individus se réunissent dans des réunions le dimanche ou le samedi […] et disent: « désormais on va acheter tel ou tel côté du Cameroun’ et ils le font, au nom de la vulnérabilité des uns et des autres ».
« Le Cameroun devra affronter […] à un moment donné la réforme foncière. On passera par là. Il faut que chacun retourne chez soi et il faut que les gens prennent les avis républicains dans ce sens-là. Pas d’essayer d’utiliser la République en disant ‘nous sommes républicains [alors que] derrière, on a un projet pour envahir les uns et les autres et les remplacer dans leur village ».
« On va encore me traiter de tribaliste, mais il faut dire que certains ont fait de la terre un élément de conquête du pouvoir. Et ce sont pratiquement toujours les mêmes gens. Certains utilisent d’ailleurs l’État pour arriver à leurs fins ».
En soutien aux propos querellés de Monsieur Claude ABE, Monsieur Dieudonné ESSOMBA, dans une publication qui fait le tour des réseaux sociaux sous l’intitulé « Du discours tribal », a tenu des propos d’incitation à la haine et à la violence tribale ou ethnique, notamment quand il affirme que « l’ethnopolisation d’un segment économique, autrement dit son contrôle par une seule communauté, peut susciter une hostilité violente des autres, surtout lorsque ce contrôle prend le caractère d’un ghetto où la communauté bénéficiaire empêche, par des moyens divers, l’entrée d’autres communautés » ou alors, lorsqu’il soutient qu’« [e]n ce qui concerne les terres, la création des colonies tribales au sein d’autres communautés, avec pour finalité l’ethnocide de la communauté hote au nom du développement et de l’unité nationale, entraîne toujours des conflits meurtriers ». Peut -on lire
En réplique à ces déclarations, d’autres concitoyens ont tenu, dans les réseaux sociaux, propos qui s’inscrivent dans le même registre des discours de haine, notamment ceux attribués à Monsieur Benjamin ZEBAZE qui, dans une publication devenue virale sous le titre «Qui sont les envahisseurs ? », a déclaré que « des gens ont passé leur temps avec pour principal modèle économique la vente des terrains et l’utilisation de l’État comme ‘mamelle nourricière’: maintenant qu’ils n’ont plus de terrain à vendre et risquent de perdre le contrôle de l’État, ils tiennent des propos d’une rare violence qui ferait passer ceux d’Adolf Hitler pour des rêveries d’un Evêque ‘puritain’ ».
Dans une autre publication largement partagée sur les réseaux sociaux avec pour titre « Que chacun rentre chez lui >>. De ce fait, la Commission condamne fermement et sans réserve de tels discours qui constituent des violences psychologiques contre des citoyens, des tribus et des ethnies ainsi stigmatisés, autant qu’ils contribuent à la détérioration de l’Unité nationale ainsi qu’à la déconstruction des valeurs sociales et républicaines d’une société démocratique» peut-on lire dans le communiqué du professeur James Mouangue président de la CDHC.