L’état actuel de l’art lyrique et le grand classique au Cameroun
Le potentiel dans l’art lyrique au Cameroun va au-delà de ce qu’il paraît, puisque les chorales qui en sont l’initiateur, pratiquent constamment et peut-être inconsciemment ce genre. Quand on regarde le genre d’exercices de vocalise et le répertoire polyphonique (pure) que la plupart des maîtres de chant adoptent en leurs classes de chant, on ne peut qu’en ce sens, au fil du temps, déceler des aspirants au belcanto.
Bref exposé sur une interrogation dans le 4ème document
Avant que l’on ne me soupçonne un dessein raciste et afrocentriste, j’aimerais qu’on s’imagine la possibilité que le championnat de football camerounais se joue en Côte-d’Ivoire sous prétexte qu’il n’y a pas de stade au Cameroun, ou encore que l’Indonésie organise le tour de cyclisme chinois en Indonésie avec la raison qu’il n’y a pas de route appropriée en Chine. Si on a la notion de propriété et de patrimoine, si on a quelque logique de la géopolitique, nul ne trouverait en mon sens quelque absurde raisonnement.
« Que ne peut-il pas faire de lui-même, l’Africain, pour qu’en ces temps encore l’Européen en soit le seul juge ? »
Si je m’y attarde, c’est qu’en ces temps du grand mouvement de la Grande Vérité historique, l’Africain, en mon sens, ne devrait négliger aucun mouvement de la mondialité, soit-il culturel, politique ou religieux. Les intérêts géopolitiques qui perdurent, ne l’oublions pas, ont fait de l’Africain, un mendiant assoiffé de l’Occident au point de régresser à l’état primitif, tout en le laissant croire qu’il est le dernier des humains sur la planète. Somme toute, rien n’oblige personne à voir de mon œil, ni à ouïr de mon oreille, le libre arbitre étant ce que chacun a de plus précieux en tant qu’être réfléchi et raisonnable. Mais étant donné que je suis partisan à la construction et au retour du patrimoine de mon continent et particulièrement de mon pays, dans l’art, dans la culture et dans l’histoire, il m’est impossible de laisser échapper cette forme de colonisation qui veut passer aujourd’hui par l’art.
Chaque pays ou chaque continent doit pouvoir promouvoir ses artistes tel qu’il construit son concept ; et ce n’est pas à la Côte-d’Ivoire de se prévaloir du talent des artistes Sud-africains. C’est même biaisé d’avance pour l’Afrique du Sud, car en elle on y verra que la Côte-d’Ivoire. Les pays peuvent se partager les célébrités, mais en tout honnêteté. Cela veut dire que si un artiste Sud-africain a été fait célèbre en Côte-d’Ivoire, il est normal que la Côte-d’Ivoire se réclame de sa célébrité, et il y va de l’honnêteté de l’artiste Sud-africain à le reconnaître et à exprimer sa gratitude à l’endroit des Ivoiriens qui ont contribué à sa carrière. Mais lorsque la Côte-d’Ivoire se met à organiser en sa localité, les spectacles Sud-africains, sous prétexte qu’il n’y a pas de salle de spectacle, ou de vrai technicien en Afrique du Sud, il y a là un fondement géopolitique.
Si la Côte-d’Ivoire estime en ces cas que les Sud-africains ne sont pas compétents en matière de spectacle et qu’elle voudrait contribuer au progrès du spectacle Sud-africain, elle n’a qu’à prêter des pédagogues et des spécialistes du domaine à l’Afrique du Sud, et non pas faire une déportation des meilleurs artistes de tout un grand pays. Et même que cela devrait d’ailleurs se faire parce que les artistes Sud-africains eux-mêmes voudraient développer le spectacle de leur pays, c’est leur intention et non pas l’envie protagoniste de la Côte-d’Ivoire.
Il y a aujourd’hui, des milliers de chanteurs lyriques en Afrique qui ont besoin de se faire entendre dans les grands milieux ; certes difficile à cause d’un certain manque d’encadrement, mais à coup sûr, possible de se révolutionner. Il faut avouer que c’est ce manque d’encadrement en plus du manque de considération, qui fragilise le talentueux africain qui n’a d’autre rêve que l’Europe. L’Elite Africaine qui ne prend pas encore part à la progression du jeune artiste lyrique, a, en outre, une part de responsabilité. On peut comprendre ce phénomène là et donner raison à cette forme d’inertie, car avec toutes les invasions occidentales en Afrique, l’Elite est obligée encore de se mettre à la défensive, dans le dessein de rétablir l’autonomie et la considération. Sauf qu’en négligeant les choses qu’on croit mineures, l’Elite Africaine ne se rend pas compte qu’elle laisse passer des opportunités pouvant porter atteinte à son intégrité séculaire. Elle (l’Elite) ne voit pas non plus qu’en laissant ses ouailles aduler le Voisin, ce contre quoi elle lutte est en train de se créer d’autres ouvertures pour pénétrer et déconstruire son patrimoine.
Le chant lyrique et le grand classique sont le domaine d’élite que d’autres pays de l’Ouest considèrent à suffisance, qu’il ne concerne en rien l’Africain, qui plus est l’homme nègre ; où lorsqu’un mécène s’engage à insérer un chanteur noir dans un spectacle, en certaines régions de l’Europe, les plaintes s’apprêtent pour « détérioration des mœurs » ou autres délits aboutissant aux dommages et intérêts si jamais le nègre mis aux affiches commet la moindre erreur sur la scène. C’est pour cela, si on le constate bien, qu’il est plus facile aux puristes blancs de fondre en larmes d’émotion lorsqu’un chanteur lyrique noir chante bien que lorsqu’un blanc chante parfaitement. C’est une situation qui montre à quel point ces puristes considèrent la prestation du noir comme un exploit surhumain ; ils ne voient pas là un talentueux de la logique humaine, mais plutôt un sous-homme qui imite bien les humains ; comme lorsque les rois de la Terre du Milieu font la révérence aux Hobbits qui viennent de détruire Soron, car considérés comme des semi-hommes.
Si donc l’Afrique s’y met et qu’elle aboutit à un résultat élitaire, n’est-ce pas là le moyen d’un point de vue différent à son égard ? Si les gens vous méprisent et vous singent dans un domaine, cultivez-vous, égalez-les et battez-les en ce domaine en ajoutant du vôtre qu’ils ne peuvent imiter parce que tellement imbus d’eux-mêmes. Seulement, n’attendez pas qu’ils vous donnent un jour le moyen de les atteindre, même si la Chine et la Russie le font croire.
Si l’Afrique noire est incapable encore aujourd’hui d’évaluer et de valider elle-même les performances de ses artistes, et attend que la France le fasse, autant qu’elle change de nom et s’appelle « Petite-France » ou « France-nègre ».
Voilà un mal que toute l’Afrique exècre en ces temps, mais qui passe pour atout dans l’avancement de l’art lyrique africain. Quelle est donc la différence en ce concept du Concours des Grandes Voix Lyriques d’Afrique organisé en France ? Quelle est en effet la différence avec le Sommet France-Afrique que les Africains tiennent pour responsable des malheurs qui les assaillent?
En effet, quand ça sonne « lyrique » et « opéra », on trouve là toute la différence. C’est là que les chanteurs lyriques de mon pays vont trouver en moi un polémiqueur aigri dans son pauvre enclos. Et c’est aussi là que je vais leur avouer une fois de plus que mon dessein est pédagogique et non pas panafricaniste ; il est pour la construction d’un patrimoine propre et arbitraire, et nul ne peut m’en détourner. J’aimerais pourtant dire des choses qui plaisent à l’ensemble ; j’ai pourtant l’envie d’acclamer l’initiative des organisateurs du Concourt des Grandes Voix Lyriques d’Afrique ; j’aimerais au mieux me taire et ne rien dire ; mais en m’y employant dans l’assertivité, j’ose insinuer qu’un pays européen n’est pas le lieu idoine pour le déroulement d’un concours où le CONTINENT « AFRIQUE » est le seul participant ; si on accepte cela comme tel, alors on accepte aller jouer la CAN en France ; on accepte tenir les sommets de l’Union Africaine dans un pays Européen ou ailleurs qu’en Afrique.
D’aucuns appellent cela une coopération pour justifier ce mouvement rétrograde, mais que l’on se le dise en toute rigueur : un Africain qui étudie dans un conservatoire en France, c’est de la coopération ; un chanteur lyrique africain recruté dans un opéra en France, c’est de la coopération ; un pédagogue français qui fonde une école de musique dans un pays africain, c’est de la coopération ; un concept français qui s’installe dans un pays africain et offre des bourses pour des conservatoires et des recrutements dans les opéras et les théâtres en France, c’est de la coopération ; une troupe d’artistes africains qui présente un spectacle en France, c’est de la coopération ; mais un concours africain organisé par la France, même s’il se déroule dans un pays africain n’a rien d’une coopération ; c’est de l’infantilisation (euphémisme) à l’égard de tout un continent. Des probabilités d’une autre forme coloniale qui utilise l’art considéré élitiste.
Les initiateurs ont peut-être un dessein noble quant à l’organisation de ce concours ; ils ont pu offrir une opportunité aux jeunes africains qui n’ont pas les moyens de s’inscrire dans les conservatoires, d’exhiber leur talent de belcantiste en mondovision ; ce qui a même permis à ceux du Cameroun de se mettre en confiance. On peut louer cette initiative dans le cadre purement artistique, mais en ces temps où le monde est géopolitiquement en ébullition avec le mouvement du rétablissement de l’histoire falsifiée et les intérêts marginaux, nous devons apprendre à regarder les choses dans le sens des intérêts communaux et non pas dans le sens caritatif. L’opportunisme personnel peut engendrer des conséquences nationales et continentales sans qu’on ne s’en rende compte. Nous devons reprendre notre DIGNITÉ africaine, et ce n’est pas à la France de nous la donner, elle ne nous la donnera jamais.
Les chanteurs lyriques africains peuvent pourtant eux-mêmes stimuler l’Elite Africaine à organiser des événements relatifs à l’art lyrique, s’ils ne se mettent pas tout le temps dans des rivalités destructrices ; une guerre des égos qui les discrédite tout le temps devant cette Elite déjà indifférente. Leurs compétences sont à n’en plus douter favorables à leur progrès, et il faut avoir l’envie de construire son propre patrimoine pour y parvenir. Personne ne peut se lever et dire qu’il le fera seul. On devrait déjà avoir de grandes écoles et autres structures de musiques au Cameroun si les gens ne pensaient pas qu’à eux-mêmes, en créant des concepts où ils sont des rois et des généraux en même temps (président-fondateur-trésorier-secrétaire-commissaire aux comptes-enseignant-chef de chœur-chef d’orchestre-chargé de la logistique en une seule personne) ; si ceux qui sont diplômés des conservatoires et autres ne méprisaient pas autant ceux qui ont appris par des camerounais ; si après avoir reçu quelques dons de la France, on ne devenait pas le citoyen français au Cameroun.
Comme nous l’avons déjà souligné à notre 2ème document : « Plus on tarde parce qu’on attend le dieu du rêve, plus on est plongé dans l’ombre de l’ignorance ; plus on implique l’Occident qui a ses propres intérêts à nous laisser vivre à ses dépens, plus on sera plongé dans la léthargie d’une colonisation volontaire. Moins on aura considéré notre propre éthique, moins on aura de la valeur dans le monde ; moins on aura osé, moins on se sera imposé, et donc, moins on comptera. »
L’équivoque avec l’Eglise
« Qui a donc dit que l’Eglise n’est pas concernée par la lutte contre la pauvreté et le chômage au Cameroun ? » Une question posée dans notre 4ème document, et qui a tout son sens (propre comme figuré) ; donc en mon sens, elle ne devrait gêner personne. Pourtant il y a des ecclésiaux qui trouvent en cette question, une provocation atypique, de non-sens et abjecte.
Peu s’en faut pourtant qu’on se rendre compte de l’absurdité à considérer encore l’Eglise aujourd’hui comme un absolutisme du bénévolat ; et même, soit-il ainsi établi, on ne saurait oublier l’origine de l’église qui n’est autre que « l’homme », et l’homme né par des hommes et élevé par les hommes. Car si selon qu’il est « assurément » dit que Christ est le fondateur de l’Eglise, et que Jésus est venu rassembler les hommes, il va sans dire que cette institution n’est faite que pour l’homme ; si Christ lui-même est devenu cet homme, c’est certainement pour ne pas rendre la chose Divine impossible à ingurgiter par l’homme, sinon en plus, il ne serait pas en train de comparer le royaume des cieux à la vie des hommes dans tous ses sermons.
Comment donc aboutir à un homme accompli si les hommes qui doivent l’accomplir n’ont pas les moyens de l’accomplir ? Certes me dira-t-on : « Dieu ». Mais qu’est Dieu pour l’homme si l’homme n’est pas ? Et si l’on devrait justifier tout à Dieu, pourquoi a-t-il conclu qu’il faut créer l’homme avec une liberté de pensée et de mouvement ? Alors, l’homme doit se nourrir, s’habiller, etc. pour trouver l’équilibre et son épanouissement dans le monde qui a été créé pour lui. Et pour se faire, il lui faut naître, et pour naître, il lui faut des volontaires ; et quand il naît, il lui faut une famille ; et cette famille, pour lui donner un équilibre, doit trouver des moyens matériels et intellectuels pour y parvenir. L’enfant aura besoin d’initiation, l’adolescent aura besoin d’éducation, le jeune aura besoin de formation et l’adulte aura besoin de spécialisation et d’expérience afin d’avoir sa place dans la société. Ceci tente d’expliquer que l’homme qui devient prêtre, pasteur, religieux (euse), etc. est le fruit du travail d’autres hommes qui, conséquemment, ne rentrent pas dans leur investissement.
Que faut-il donc pour que l’Eglise comprenne qu’elle fait partie de cette société qui emploie ces hommes qui par leur simple existence sont redevables à d’autres hommes ? C’est dans cette relativité qu’il faut prendre la chose et non s’offusquer parce qu’on se divinise soi-même à travers sa formation, son rang et son titre. L’Eglise n’est pas plus exceptionnelle qu’un ministère public, et les communautés scientifique, culturelle et artistique ne sont pas moins exceptionnelles qu’elle ; toutes sont d’ailleurs complémentaires et se valent. Or il n’y a aucune de ces institutions qui puisse de nos jours, se résoudre à fonctionner en autarcie et prétendre être épanouie. Le ministère public se sent redevable à ses cadreurs et employés, les communautés culturelle et artistique en ont conscience et rémunèrent leurs éléments, la communauté scientifique en a conscience et décernent les mérites, mais l’Eglise, elle se retranche dans le besogneux, comme un abime dans lequel on y verse tout sans espoir de retour. Pourtant on voit rarement un fils légitime de pasteur ou de prêtre en chômage. Ou serait-il donc exceptionnel ce prélat pour se confondre dans la pauvreté des fidèles à qui il croit n’avoir pour devoir que l’enseignement de l’Evangile ?
A se rassurer, n’y voyez en mon invite aucune offense. Après 25 ans de service bénévole dans l’église catholique et d’autres encore à travers la musique et le mouvement d’action (JEC, Cop Monde, Plateforme des jeunes, chorale, EVA, etc.), à ne point me prendre pour victime, mais témoin d’une vie marginale, il y a un besoin fort de stimuler mon cadet prêtre et pasteurs dans l’intérêt d’action humaniste non loin de rebâtir une Eglise aux intérêts socioéconomiques pour l’épanouissement socioculturel complémentarité du sociopolitique.
Et pour témoignage applicable d’exception, j’ai été gracieux de rencontrer d’exceptionnels prélats en mon parcours musical lorsque d’une part, j’ai eu un bref contact avec le Coordonnateur provincial Emmanuel NDEBI de « The way international » au Cameroun (avant la réforme) : de par son altruisme et malgré les quelques « réticences hiérarchiques », ne manquait pas d’appuyer par tous les moyens en sa possession les actions de la Chorale Prévalente et les choristes individuellement, des actions dont je ne peux parler en ce document.
D’autre part, en tant que formateur, je fus sollicité en 2019 par l’ancien curé de la Paroisse Sainte Joséphine Bakhita d’Ekoumdoum, le Père Joshy Matthew, pour lui donner des cours de soutien en musique et chant ; et dans ma culture bénévole, j’acceptai avec l’intention de le faire gratuitement. Voilà que je fus embarrassé lorsqu’il m’imposa comme Laban à Jacob (Gn 26:15), de lui facturer la session de formation avant de commencer le cours. C’était une chose à laquelle je ne m’y attendais pas, et je puis avouer que ce ne fut pas facile pour moi de prononcer une somme d’argent de ma bouche. Je lui dis que j’étais partant pour toute somme qu’il me donnerait ; et avec insistance, il m’imposa encore de lui donner un prix, car dit-il « on ne fonctionne pas comme ça ; chacun doit être payé pour son travail ». Je finis ainsi malgré moi, par lui donner un prix mensuel de la formation. Par la suite, il m’invita à organiser une session de formation de musique durant les vacances 2019 dans sa paroisse, en me disant qu’il espère que cela pourrait me faire des entrées d’argent et surtout profiter de faire une campagne pour d’éventuels élèves en mon Institut.
Ceux qui ont été proches de ce Curé-là et qui sont honnêtes peuvent témoigner qu’il n’hésitait pas à prendre ses propres fonds de ration pour contribuer en premier dans l’avancement des travaux de construction de la bâtisse élevée à la paroisse d’Ekoumdoum. Il faut aller faire un tour et voir par soi-même si ce n’est pas le reflet même d’un homme de progrès, l’exemple que les prêtres mes congénères et cadets devraient copier.
Un autre prêtre encore dont l’histoire a tendance à l’oublier malgré les édifices vertigineusement remarquables qu’il a laissés à Messamendongo. Le Père Jean KAMANDA, ce Congolais devenu Camerounais, qui a su fructifier son talent en bâtissant une paroisse et une école primaire autrefois désuètes par la qualité des matériaux. C’est en me souvenant du temps de la construction de ces édifices que je me demande s’il était Dieu ou Jésus pour les construire sans demander un seul sou aux chrétiens de sa paroisse. Ce n’est pas pour dire qu’il ne faut rien leur demander, mais que je m’interroge juste. En outre, je me dis que le prélat a plus d’avantage que quiconque de trouver pour sa paroisse des subventions tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. Et s’ils ont ces avantages, rien ne les empêche d’élargir leur champ de vision.
Je n’ai pas de conseil à donner aux prêtres ni aux pasteurs qui sont mes aînés, puisqu’ils savent certainement ce qu’ils font et je suis encore Africain, mais à mes congénères et cadets, je puis vous assurer que vous pouvez faire mieux en faisant de l’Eglise une voie humaniste et non pas seulement pour la porte du Salut, mais aussi pour la vie au quotidien des hommes qui animent cette Eglise par leurs présences et leurs actions. Il est abstrait le « Salut » pour l’homme, permettez-moi l’apostasie ; personne ne sait ce qu’il y a là-bas, aucun vivant n’y a jamais été pour en décrire, mais l’homme est ici, touchable par ses peines et ses joies, ses richesses et ses besoins ; Dieu ne peut avoir créé tout ce qu’il y a sur la terre et l’univers uniquement pour que l’homme soit un simple passager qui doit s’en priver dans l’espérance d’une meilleure vie au Paradis. Si le Vatican est l’un des Etats les plus riches au monde, c’est parce qu’il a pu capitaliser chacune de ses actions et ressources recueillis de par le monde en faveur de ses habitants, n’en déplaise, d’où le salaire de chaque membre actif dans ses églises. Je n’apprends rien à personne. Si le Vatican est le siège de Jésus, alors, à l’image de celui dont il prêche l’exemplarité, il devrait être l’Etat le plus pauvre, et s’il est l’Etat des plus riches, alors faisons de même, car c’est l’exemple.
Je vous suggère à vous mes congénères et cadets ecclésiaux de vous revoir lorsque vous n’étiez que des « hommes ordinaires » (au lycée, au collège, à l’université, chez vos parents, avec vos amis, vos frères, vos camarades, à la chorale, à la catéchèse, etc.). Encore faut-il que vous ne soyez plus ces hommes ordinaires ! Je vous suggère de faire les statistiques dans votre église pour voir qui reçoit le plus de dons et qui mange le mieux entre vous et le pauvre qui vous donne à manger. Je vous demande d’évaluer le temps, l’énergie et les finances que dépense un chef de chœur ou un choriste chaque semaine pour aider à maintenir l’éthique de votre institution et ce qu’il reçoit en retour. Je vous exhorte de ne pas entrer dans la colonisation des familles qui vous accueillent comme curés ou bergers dans leur localité ; il y en a qui parmi eux, connaissent la chose divine avant et mieux que vous ; il y a des chefs de chœurs et des choristes qui connaissent mieux que vous la liturgie, le fonctionnement d’un culte et la musique. Lorsque vous faites une messe ou un culte dans leurs maisons, ils vous donnent des dons et de l’argent (votre enveloppe et la quête), quand parfois ils n’ont rien à manger le lendemain, et lorsqu’ils viennent chez-vous, ils vous apportent un don et une enveloppe pleine de billets de banque, mais ils rentrent de chez-vous avec quelques bénédictions (cas de celui qui trouve satisfaction) tout en ayant peut-être créé un autre problème, celui d’avoir tout dépensé pour vous ; je vous demande de prêter attention à ces quelques symboles.
Considérez-vous comme des directeurs d’une industrie de développement général et vous pouvez être sûrs que le denier du culte et la dime vous tomberont dessus comme de la pluie sans vent. Allez et demandez à vos paroissiaux « qui sait faire quoi ? » pour créer une industrie paroissiale qui va rémunérer à juste valeur les hommes qui s’engagent dans l’activité économique de votre paroisse, et vous participerez ainsi à l’épanouissement tant spirituel que pécuniaire de vos fidèles sans effort supplémentaire. Vous aurez contribué à la lutte contre le chômage et la pauvreté de votre pays sans contrainte, sans dette et sans gage. A moins que le but soit de les maintenir ainsi pour qu’ils ne vous quittent pas. Vous verriez donc là l’inverse de la conséquence.
Si le chant dit traditionnel incluant ainsi les instruments comme le balafon, les tam-tams, le djembé, le tambour, le nyass, etc., fut accepté dans les célébrations eucharistiques des catholiques au Cameroun, c’est parce que des théologiens de la libération tels qu’Angelbert MVENG, Jean Marc ELA, Robert AKAMBA, etc., y ont fortement contribué. Ces prêtres qui s’insurgèrent des concepts stéréotypés de l’église romaine dont la propagande s’avérait culturellement unilatérale, n’eurent pas attendu une quelconque autorisation d’aucun évêque ou du Vatican pour se lancer dans leur démarche protagoniste des cultures africaines qui étaient déjà biaisées dans l’embrasement de la flamme occidentale. Leur décision radicale à remettre en question l’idéologie « universelle » prescrite par Rome leur coûta bien des notoriétés, mais le résultat aujourd’hui de leur audace est notre liberté culturelle et l’inculturation de l’église catholique, bien que l’on attribuât finalement l’idée au Pape Jean Paul II. Et si Pie-Claude NGOUMOU, François Xavier AMARA, Daniel EYANGO NDOUMBE et les autres dont je ne maîtrise l’identité, ne prirent pas sur eux la lutte pour l’introduction des langues de chez-nous dans les textes ecclésiaux, afin de se découdre de l’aliénation linguistique latine et allemande, nous aurions aujourd’hui de la peine à parler en nos mots le langage religieux. LE CHANT LYRIQUE AU CAMEROUN p. 5/6
Avec vous mes congénères et cadets prêtres et pasteurs, une église industrielle est faisable. Rendez cela possible en laissant la face du colon, ce rassembleur qui divise pour mieux exploiter les individus, qui prend sans jamais donner, ce conseiller qu’on ne conseille pas, ce guide irraisonnable, ce célibataire polygyne, cet aîné de ses aînés ce père de ses parents. La frustration faite à l’égard de vos fidèles est une régression à leur développement culturel et spirituel : le fait de leur avoir dit une chose hier et d’en changer aujourd’hui sans aucune politesse fait d’eux des fagotins ou des femmes de ménages.
Comme Jésus : nourrissez de pain et de poisson les hommes à qui vous montrez le chemin du Salut (Jn 6, 1-15) ; « l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole venant de la bouche de Dieu » ne veut pas dire que l’homme vivra uniquement de la parole, mais en plus du pain, sauf si vous êtes exclus des gens qui doivent leur donner du pain. Apportez-leur du vin quand ils ont la fête (Jn 2, 1-12) ; évitez d’être le prêtre de la célèbre parabole en ne manquant pas de vous arrêter quand les bandits les ont laissés pour morts (Luc 10, 25-37) ; considérez leurs expériences de vie comme une bibliothèque ; prenez en compte leurs âges et leur quotient intellectuel ; décorez et primez-les quand ils ont mérité leur parcours ; enterrez-les dignement. Un homme ne doit pas avoir été membre actif dans votre communauté durant des décennies, soit-il de votre régime ou non, et ne pas recevoir le mérite de ses services ne serait-ce que par une médaille, un diplôme, un salaire, un merci solennel, une fête en son honneur (Luc 10, 7).
L’Eglise est plus vieille que le football ; soyez donc les Samuel ETO’O de notre Eglise au Cameroun en osant déchirer le formalisme régressif d’un dogmatisme léthargique : rémunérez au moins vos plus grands acteurs (les chefs de chœurs, les instrumentistes, les sacristains, les encadreurs des enfants de chœur, etc.) ; créez des sources de revenus avec votre communauté ; organisez des concerts payants ; réalisez les albums des chorales ; encouragez et encadrez les artistes qui veulent faire carrière (devenez même leurs producteurs) ; encouragez et encadrez les industriels (informaticiens, alimentaires, biochimistes, maintenanciers, menuisiers, maçons, etc.) de vos communautés ; ne faites pas qu’ils travaillent dans les chantiers de la paroisse contre un simple plat de nourriture, cela est une forme d’esclavage, mais un esclavage volontaire ; ce sont des ouvriers et chaque ouvriers mérite un salaire (Dt 24:14-15 ; Lv 19:13 ; Mal 3:5 ; Jc 5:4 ; Jér 22:13 ; Mt 20,1-16). « Maîtres, traitez vos esclaves avec justice et équité, sachant que vous aussi, vous avez un Maîtres dans le ciel» Bible TOB : Col 4:1. Même si à mon sens le mot « esclave » paraît une mauvaise traduction du texte original.
L’autonomie interne du Cameroun dépend aussi des actions économiques que son église peut mener. Alors, participez à votre niveau au développement culturel et économique de votre pays. Vous avez des frères et des sœurs qui chôment bien qu’ils ont des talents et des diplômes ; le ministère public et le secteur privé ne sont pas les seuls concernés, l’Eglise qui rassemble le plus d’homme doit y participer absolument.
L’état du Chant Lyrique et du Classique au Cameroun
Rien n’est possible en ce monde s’il n’y a pas une base ; même le cycle de la vie, bien que complexe, le démontre par la naissance et la mort de l’être vivant. Quoiqu’on ne puisse pas dire avec certitude qui, scientifiquement, est venue avant l’autre, comme dans le mystère de la poule et l’œuf, on ne peut pas dire si la première mère a d’abord été fœtus ou si elle a été directement adulte. Il est un petit soulagement que pour l’homme, l’exégèse ou Esdras ait résolu à sa manière le mystère avec la version biblique de la création. Voilà pourquoi nous aussi, en toute honnêteté remettons le fondement du chant lyrique et du grand classique du Cameroun aux chorales polyphoniques exécutant le choral.
Il est vrai que le chant choral au Cameroun tient son début dans les année 1880 avec l’arrivée du protestantisme, mais avec la chorale d’hommes 101 de Yaoundé (1957) fondée par Daniel EYANGO NDOUMBE dit « Pa’a Muledi », le Grand Chœur Classique de la Cathédrale Notre-Dame des Victoire de Yaoundé (1969) fondé par François ELLE NTONGA et le Père Lucien MANGA, le Chœur Madrigal (1972) dirigé en relai par René ESSO ELOKAN, le chant classique dans l’homophonie pur s’implémente dans les églises protestantes et catholiques. Puis arrivent la polyphonie pure et le troppiaire dans les années 1980 avec la création des chorales polyphoniques dans les paroisses catholiques de Yaoundé. C’est dans les année 1990 que le belcanto se fait ressentir : des chantres commencent à se démarquer du chœur pour donner une autre sensation au chant choral.
La Voix de l’Espérance de Nkol-Eton, le Chœur Madrigal, La Chorale Saint Nicolas de Kong, la Chorale Sainte Cécile de Melen, La Chorale Saint Ambroise de La Cathédrale, la Chorale Sainte Sandrine de Soa, la Chorale Saint Augustin de Mvog-Mbi, la Chorale Saint Mathieu de Nkoa-Ayos, etc. sont ces groupes qui, effectivement, s’engagent dans la formation proprement dite des chantres à caractères belcantiste ; ces solistes qui, plus tard, vont inspirer les jeunes chorales créés dans les années 2000. Avec le Concours Aguimucla créé par Mme Léa DJOB en 1995, les belcantistes ont l’opportunité de chanter devant un publique avisé, et là, la machine est lancée. Quand arrivent le Rhumsiki Fako Opera (R.F.O.) (1997) fondé par le compositeur et chef d’orchestre Jules TEUKAM, la Soa University Choir (S.U.C.) (1999) fondée sous le rectorat du Professeur Bruno BEKOLO EBE avec pour Directeur Technique Fabrice ONDO, le chant lyrique et le contrepoint influencent totalement toutes les chorales polyphoniques de la Capitale, et toutes les classes de chant se lancent, sans vraiment le savoir, dans les exercices de vocalises d’opéra.
A la fin des années 1990 et début des années 2000, le professeur Gervais MENDO ZE lance une forte campagne de recrutement des chantres pour renforcer la Voix du Cénacle, cette campagne, il faut en être honnête, désolidarise plusieurs chorales desquelles il leur est enlevé les meilleurs. Les chorales formatrices vivent en ces temps-là des moments d’instabilité à cause du mouvement propagandiste de la Voix du Cénacle qui elle, n’est pas un groupe de formation, mais un groupe qui recrute simplement les chantres aux voix accomplies. Elle ne peut donc trouver ces accomplis que dans des chorales qui forment ; et étant donné, en plus, que le rêve de plusieurs de ces choristes est en ces temps, d’appartenir à cette troupe populaire qui offre de grandes opportunités de rémunération et de voyage.
Le temps du chant d’opéra, de la comédie musicale et du contrepoint arrive au point dans les années 2000 avec la masse de belcantistes qui affluent le R.F.O. et la S.U.C. ainsi que des groupes qui se créent autour, comme le groupe de formation Chœur des XX(20) (2004), Le Mbondi Bantou (2005), le Chœur polyphonique de Cœur d’Afrique (Fondation Albert Roger Milla) (2008), etc., sans compter que chaque chorale à Yaoundé forme en ces temps au moins un belcantiste par « saison ». La grande marche pour les conservatoires se lance inopinément dans les années 2010, une chose pas très facile dûe un peu, d’un côté, au manque de maturité des belcantistes de cette période, et de l’autre côté, à un sérieux manque de confiance de la part des responsables de ces conservatoires à l’égard des belcantistes camerounais.
Il faut avouer que cette marche a mis du temps à donner des résultats avant l’admission de Christian AKOA au « Fach Hoch Schule für Musik » à Detmold en 2015, quand on sait que les résultats paraissent évidents après le passage du Professeur Eduardo ALVARES en avril 2011. On peut dire qu’avec la multiplicité de récitals organisés dans le milieu des chanteurs lyriques, une attention particulière s’est marquée dans la tanière par l’admission en quelques temps de plusieurs chanteurs lyriques dans les conservatoires après le « leitmotiv » de Christian AKOA.
C’est aussi en ces temps des années 2010 qu’on peut ressentir les effets du chant lyrique hors de Yaoundé. C’est dire que si on le pratiquait avant ces temps dans les autres villes, Douala y met véritablement un accent avec le groupe El Cantete del Wouri créé en 2012 par les pianistes et pédagogues Désiré La Fleur ABOUDI et Serge BILONGO (aussi chef de chœur). Les tournées du Gala des sopranos (Yaoundé Douala) finissent par relier les deux villes par le chant lyrique. A partir de 2015, Douala commence à se bâtir une notoriété dans le contrepoint et le belcanto. Avec l’implication du baryton et professeur de chant Martial BOTCHACK, des individualités se créent en donnant l’envie à la communauté de Douala de rêver des opéras. La création du Chœur Bach Cantorum en 2018 par le chef de chœur et belcantiste Thierry ATEDZOE vient ajouter une grande émulation en les mœurs des Sawa qui commencent à se familiariser avec le contrepoint comme l’on se familiarise avec les meubles de sa maison.
Dans une autre contrée, il y a le chef de Chœur, clarinettiste et pédagogue Eric-Teylor ZOGO qui tient en permanence la chorale Saint Grégoire de la Cathédrale Notre-Dame de Ngaoundéré avec aussi un plan de formation de chanteurs lyriques dont les résultats sont prometteurs. De l’autre côté de Garoua, on peut compter sur Yannick TCHOUPTANG (enseignant de musique et encadreur de belcantistes) avec son ensemble vocal « Heaven’s Singers » et l’Association musicale « Glam’Opera ». Peut-être y en a-t-il dans d’autres villes et qui ne sont pas connus du grand public, il serait d’ailleurs merveilleux qu’il y en ait ; cela garantirait une sécularité de ce mouvement artistique.
Le chant lyrique au Cameroun est un chantier qui, encore, demande que l’on l’architecture dans la règle de l’art, c’est dire que malgré les talents qui poussent de-ci-et-là, il vaut mieux ne pas se laisser emporter par quelque émotion trompeuse des concerts réalisés par les plus courageux. Tout concept de ce monde est systémique et l’art encore plus, donc il s’agit de construire un système en ne partant pas de rien, mais en s’inspirant du système déjà en marche et universel, ce qui va permettre de mieux élaborer le nôtre sans être obligé de se laisser infantiliser ou singer par les plus aguerris. Ce n’est pas dit que ça sera facile, mais le fait est que si les acteurs ne se mettent pas ensemble (ce qui ne veut pas dire que c’est automatiquement tous à la fois et au même endroit, mais ceux qui peuvent se mettre ensemble), il ne faut pas espérer construire quelque chose de définitif.
La première adversité qu’il y a dans les mœurs au Cameroun est telle que l’artiste camerounais ne sait pas travailler avec une équipe et accepter que des gens de son équipe gagnent autant ou plus que lui. Bien qu’il contribue financièrement moins que les autres ou pas du tout, l’artiste voudrait être le maître à tout faire même quand il n’a aucune expérience. On a souvent vu dans le cinéma camerounais où un acteur à peine a-t-il eu un rôle principal dans un film que le lendemain, sans expérience, ni aucune formation, il devient scénariste et réalisateur, et les résultats vous les connaissez.
La deuxième adversité est telle que l’entourage d’un artiste a du mal à lui donner un respect digne de sa notoriété dans son domaine ; il y a toujours cette méprise qui ramène l’artiste à l’homme qui mangeait du « riz-sauté avec nous chez la mère du carrefour » ; le cas du chanteur lyrique est que ses camarades de chorale se refusent de voir le gars ou la fille qui était là, hier, assis(e) avec eux sur les bancs de la chorale, être aujourd’hui une vedette que le public adule ; ils veulent continuer de le voir comme celui ou celle-là qui empruntait leur argent pour prendre le taxi.
La troisième adversité est telle que l’Elite se conforte à l’infantilisation de l’artiste quand il faut l’inviter à chanter dans sa fête, à la maison, sans aucun décor préalable, et le traiter comme il traite sa ménagère en lui indiquant d’aller porter lui-même sa propre chaise et trouver lui-même la place où il pourrait s’installer et qu’il s’entende avec le DJ pour le micro, et qu’après il attende qu’il (l’Elite) finisse de causer avec ses invités pour lui tendre quelques billets qu’il ne prendra pas le soin de mettre dans une enveloppe, quand bien même il ne les sort pas de sa poche devant les invités qui doivent « certainement être témoins de son geste caritatif ».
Ce n’est donc pas facile de bâtir une maison solide et durable quand on est confronté à une telle adversité, quand on est éconduit par des gens importants pour à carrière ; un petit blocus qui semble anodin, mais infernal. Le chanteur lyrique camerounais qui est en train d’intégrer le jargon en tant qu’artiste de carrière, doit alors s’armer du nécessaire (la connaissance parfaite de son domaine, les moyens de promotion, son affiliation au ministère de tutelle, l’enregistrement dans les sociétés des droits, la connaissance du showbiz, etc.) et savoir garder sa dignité afin de se maintenir au premier plan même après sa mort. Pour rendre cela possible, il faut tout d’abord être courageux et déterminé à aller jusqu’au bout du rêve à réaliser ; ensuite se mettre au travail en se faisant accompagner par des gens expérimentés ou même des non expérimentés qui peuvent apporter à leur niveau une quelconque contribution à sa carrière.
C’est pourtant possible de bâtir, mais on ne peut le faire que si l’on tient également compte de ce qui a déjà été fait, parce qu’on ne peut pas insinuer que tous ces gens qui se sont mis dans le chant lyrique et le chœur classique n’ont encore rien fait. Ils ont posé des bases soient-elles solides ou non, ce sont des bases et nul ne peut se passer de cette partie de l’histoire, le faire relève d’une extrême malhonnêteté, on y verrait là un Jacques-Joseph Champollion dit Champollion-Figeac, cet archéologue français qui, bien que son père Jean-François Champollion dit Champollion le Jeune ait démontré, pour avoir fait lui-même des recherches sur place, que les Egyptiens de l’antiquité (avant l’invasion gréco-arabe) étaient de race nègre, lui, Figeac, par son extrême malhonnêteté et ses qualités de mythomane, en mission européenne pour la falsification de l’histoire de l’humanité, alla jusqu’à falsifier même les ouvrages de son père. On ne peut donc pas se permettre d’épiloguer sur ces bases déjà posées par ceux qui ont commencé « la chose ». Il faut plutôt leur donner la médaille qu’ils méritent, même si certains d’entre eux sont également antagonistes de la marche pour le progrès du domaine lyrique en se focalisant sur l’éthique ecclésial du service bénévole pour l’espoir du Salut.
En ce document, je ferai sporadiquement l’apologie des noms que je vais mentionner sur une courte liste, puisqu’il ne s’agit pas d’un document historique quoiqu’il pourrait y servir pour qui en veut de tel ; cependant, par faute de date et de certaines informations relatives à la chronologie, je m’abstiendrai de m’en imposer une. Il est vrai qu’en des commentaires sur la toile, d’aucuns ont exprimé le mécontentement d’avoir été cité sans leur autorisation, que ceux-là reçoivent mes humbles excuses. L’avais-je su plutôt que dès le deuxième document, je n’aurais pas eu encore la maladresse de les nommer. Je me suis tout de même demandé si pour écrire l’histoire actuelle du Cameroun il a été demandé l’autorisation au Président BIYA pour y mentionner son nom. Somme toute, à chacun sa dignité.
Sauf que quand le vin est tiré il faut le boire. Je vais quand-même encore écrire ces noms et attendre que l’on me convoque quelque part, ce quelque part pourrait aussi bien être une banque ou un supermarché ; mais je ne saurais entamer une telle démarche pour contenter quelques personnes et me laisser massacrer par l’histoire qui est synonyme de vérité propice à l’avenir. Quand on est dans un foyer polygamique, il vaut mieux, soit écrire le nom de toutes les femmes, soit n’écrire aucun nom si on veut faire écouter sa chanson à toute la famille.
Quoi de plus beau que de savoir qu’on vient de quelque part et que même par une folle on a vu le jour ! C’est la vie qui compte en fait puisque le contenu de la vie est ce qu’on en fait. « Mon royaume n’est pas de ce monde », dit Jésus. Et comme je ne suis pas cet homme Dieu qui avait à lui sa part de mission, celle de sauver le peuple d’Israël, je préfère faire ce qui est à mon niveau : donner une place à l’art lyrique et le classique au Cameroun de ce monde. Puisque je ne pourrai pas être roi dans le monde de Jésus qui occupe déjà lui-même le trône, je vais donc bâtir le mien dans ce monde.
Albert Raymond PENDE
Si l’on parle de chant lyrique dans son expansion et les opportunités créées au courants des années 2000, il est clair qu’à part Jules TEUKAM, René ESSO, Parfait EKANI et Joël NKOULOU, de ces grands formateurs, il y a Albert Raymond PENDE qui ne manque pas à l’appel. On ne saurait ne pas parler de son concept « CANTATE GENTES » à travers lequel plusieurs jeunes et adultes ont été formés dans l’art de la direction et le belcanto. Dans la salle de conférence du Collège Mgr Vogt, on a pu voir lors des sessions de formation dans les années 2000, comment des jeunes venus de tous les coins de la capitale voire du pays, s’abreuvaient à la source du savoir chanter et du savoir diriger un chœur. La technique de chant et de la voix employée par le pédagogue PENDE était inégalable à cette époque où le jeune choriste devait être séduit par le belcanto.
A tout Seigneur tout honneur, il est important que les jeunes chanteurs lyriques, aujourd’hui, se ressaisissent un peu et cessent de voir leurs aînés des yeux de ceux qui ont eu des malentendus avec ces aînés. Il faut encore se rassurer de la version de l’histoire de celui qu’on côtoie. Et même, le travail qui a été fait par un homme et qui a porté des fruits qui ont porté des fruits qui portent des fruits qui porteront des fruits, ne doit pas être remis en question à cause de quelques invectives de-ci-et-là. A chacun son caractère et ses méthodes ; la pédagogie n’est pas homogène quoi qu’il y ait des généralités, et on ne devrait pas juger un pédagogue par ses méthodes, mais plutôt par ses résultats qui justifient ces méthodes. R. PENDE a donné à la jeunesse le goût de chanter le belcanto et le goût de diriger un chœur. On peut encore se souvenir de la finesse d’une voix soprano de la regrettée Melville (plus tard devenue madame PENDE) encore adolescente dans les concerts au Centre Culturel Français (C.C.F.) l’actuel I.F.C. et d’autres voix encore dont je ne peux ici parler, car il y va de leur propre honnêteté. PENDE a fait concourir plusieurs jeunes à Aguimucla en leur donnant les meilleures méthodes pour réussir, et la plupart de ces jeunes devenus adultes, aujourd’hui, sont soit de grands chefs de chœur, soit de grands artistes accomplis pour ceux qui ont continué dans la musique.
Lisle DESRANLEAU
Des encadreurs de belcantistes, lorsque des gens écriront l’histoire de l’évolution du chant lyrique au Cameroun, l’absence de Madame Lisle DESRANLEAU à ces pages serait d’iniquité séculaire. La pianiste et formatrice Canadienne Lisle a joué un rôle des plus déterminants dans la formation et la promotion du chanteur lyrique des année 1990 aux années 2000. C’est par elle que vont passer les plus grands chanteurs lyriques de l’été 1995-2005, un service gratuit pour des résultats incroyablement bons. C’est en elle qu’on peut voir ce qu’on appelle une collaboration entre le blanc et noir, loin d’être l’infantilisation que l’on peut déplorer ailleurs. Lisle ne voyait pas des petits nègres qui voulait imiter les « humains », mais simplement des artistes talentueux qui avaient besoin de son expertise. Elle les prenait tels qu’ils étaient, cherchant leurs atouts pour les améliorer. Si Parfait EKANI, Martial BOTCHACK, Tobias MBARGA, Anastasie TCHEUMANI, Simon Pierre NDOYE, Gérard ETOUNDI disent le contraire, alors je ne suis qu’un simple mythomane qui veut rendre publics ses songes paradisiaques.
Madame DESRANLEAU de regrettée mémoire, a rendu la chose lyrique définitivement accessible en simplifiant les méthodes par la causerie et la démonstration ; sa rigueur cachée derrière son humour donnait l’envie aux belcantistes de construire des tentes. Des choses tant mystifiées par d’autres sont côtoyées avec une certaine aisance grâce à l’approche amicale de Lisle, et si les résultats sont ceux qu’ils sont aujourd’hui, c’est parce que la plupart des encadreurs des années 2000 sont, disons-le « ses enfants ». Qu’au loin les siens le sachent et qu’à l’au-delà lui soit relayé l’écho des belcantistes camerounais.
Le temps passe et les gens ont tendance à vouloir se placer devant la cours pour dire au monde : « je suis le premier, je suis le meilleur, je suis le formateur de… » De vains mots qui veulent juste dire qu’on est un imposteur. Un homme qui éduque d’autres ne se réclame pas de ce qu’il est pour eux, il leur réclame les résultats, c’est pour cela que même ennemis, un maître est fier de son élève parce qu’il a assimilé ses leçons. Que l’élève parle de son maître ou non, le maître est élevé chaque fois que l’homme exhibe d’une manière ou d’une autre son talent. Si on veut enlever en nous le maître, il faut définitivement se déconnecter du domaine. Lisle est au Cameroun du lyrique ce maître-là point final
Jules TEUKAM
Et si Jules TEUKAM n’avait pas été aussi audacieux, le chant d’opéra dans le sens du spectacle camerounais serait peut-être encore une utopie.
Vers la fin des années 90 précisément en 1997, l’audace poussée de Jules TEUKAM, élève de René ESSO et ancien chantre du Chœur Madrigal, le plongea dans un rêve inédit. Il décida d’écrire un opéra. Une initiative qui lui coûta une certaine méprise de la part de son maître, qui en effet, vue sa maîtrise en la matière, considéra cette idée comme une prétention absurde. En était-il d’ailleurs formel dans sa prise de position à l’encontre d’une composition d’opéra par un camerounais, son élève de surcroît. C’était d’ailleurs avec raison : pour un puriste de son état, la tolérance à une quelconque spéculation ne pouvait être à l’ordre du jour. René ESSO ne voyait pas en Jules TEUKAM des prédispositions contrapuntiques qui lui concèderaient des atouts de compositeur, et surtout pas d’opéra, il en était bien formel. Sauf qu’il fallait bien quelqu’un pour le commencer au Cameroun, et c’est tout à fait cela que TEUKAM fit. Malgré toutes les critiques et les découragements accrus de-ci-et-là, il alla jusqu’au bout et composa tout de même son premier opéra « EPASA MOTO ». C’est après avoir créé son chef-d’œuvre qu’il trouva indispensable de créer une troupe capable d’interpréter son opéra ; et il fonda ainsi le Rhumsiki Fako Opera. LE CHANT LYRIQUE AU CAMEROUN P. 8 / 9.
Pour ne pas me répéter tout au long de ma vie, j’ai préféré extraire ce texte de mon livre en cours d’édition dont le titre est en gros caractère.
On n’a rien à épiloguer sur le personnage dont les pages de l’histoire de l’opéra camerounais demande des tomes de rédaction.
Simon Pierre NDOYE
Je me laisse aujourd’hui, séduire par un langage inoffensif qui me susurre un éloge des vertes années de la musique classique camerounaise. Un nom ne cesse de quereller mon subconscient depuis notre premier document et donc je trouve la place et l’opportunité enfin de blasphémer. Simon Pierre NDOYE est-il donc celui-là que l’exégèse a nommé le saint esprit lorsqu’elle parle de la manifestation d’un dieu en des hommes ? Loin de là la prétentieuse intention de diviniser un homme, mais rien ne m’empêche de le faire quant à mon libre arbitre, sauf qu’il n’en est pas de tel.
S’il est le seul homme qui traverse les temps : de période en période, de chanteur en chanteur, de style en style, d’encadreur en encadreur, de concept en concept, comment ne pas le qualifier à ma façon de « saint esprit » ? Il y a bien d’autres pianistes au Cameroun qui ont son niveau de concertiste, mais on ne voit que lui pour accompagner les belcantistes et les chorales quel que soit le niveau, et au prix de la bonne musique et de l’amitié. On n’a d’ailleurs jamais vu un virtuose d’une telle humilité, un monsieur qui, malgré son haut niveau, estime qu’il ne connaît pas encore. A l’entendre, on se donne l’impression d’une ironie, or il le dit sérieusement, car d’après lui, il n’a pas encore atteint ce niveau qu’on croit qu’il a déjà atteint.
Si le pianiste concertiste Simon Pierre NDOYE est vu comme le « saint esprit », c’est parce qu’il n’a pas de limite de service lorsqu’il s’agit d’accompagner des chanteurs sur la scène du grand classique et de l’opéra. Quel est donc le chœur classique ou le chanteur lyrique qui ne le connaît pas au Cameroun, et ne le connaît pas sur la scène à côté lui ? La plupart des chefs de chœur, lorsqu’ils commencent la préparation d’un concert avec des œuvres contrapuntiques, pensent au pianiste qui peut l’accompagner, et la plupart de ces chefs évoquent en eux les consonnes « S.P. ». Lorsqu’un chanteur lyrique camerounais de l’intérieur ou de l’extérieur a un projet de concert au pays, le pianiste qu’il met en premier sur son dossier est le même que celui qu’on voudrait qu’il nous accompagne lorsqu’on est sollicité dans une ambassade, un banquet, un festival « S.P. ». Même quand un pianiste est coincé par un répertoire qu’il ne peut assimiler avant le concert, il fait appel à S.P. pour l’épauler sur la scène.
S.P. connaît tous les chanteurs lyriques de son pays depuis les années 1990 et tous les chanteurs lyriques le connaissent. Qui mieux que lui pour accompagner même spontanément un concert classique avec des interludes concertistes ? C’est un monsieur qui ne s’arrête de s’exercer que lorsqu’il dort. Et qui sait si dans son rêve il n’est pas sur un piano ? Il est l’un des rares musiciens camerounais qui fait des stages chaque année en Europe et revient dans son pays après la session. Aurait-on donné une telle opportunité à certains qu’on ne les reverrait que sur Facebook. Cela dit qu’en plus d’être virtuose hors échelle pour le niveau du Cameroun, il est patriote, or cela ne lui coûterait pas une notoriété s’il va résider en Europe, au contraire, il y gagnerait plus en tant qu’individu. Il sait donc, comme on en a toujours parlé lui et moi, que l’individualisme est une gangrène dans le développement de notre domaine, et que l’on gagnerait à unir nos idées et nos concepts.
S.P. a su relayé Lisle DESRANLEAU dans l’accompagnement des belcantistes. Après avoir bravé tous les niveaux du piano au Concours Aguimucla, il est devenu l’homme des situations, et si le chant lyrique a atteint le niveau qu’il est au Cameroun, c’est en partie grâce à sa disponibilité à se mettre au service des acteurs qui, parfois, voient en lui et à tort, un prétentieux cupide, une sorte de méprise de l’homme. Ce n’est pas seulement son virtuose qui fait de lui ce qu’il est, c’est aussi cet esprit de service que l’on a tendance à obscurcir dans des invectives déconcertantes. Sa perfection ou son imperfection en tant qu’être humain ne regarde que lui et le Créateur, ce qui est important c’est de lui donner son mérite, apprendre de lui, le soutenir dans ses projets point à la ligne.
Rodrigue NOUCK ITONI
Si les chanteurs lyriques à Yaoundé ont pu avoir, dans les années 2000, un lieu approprié et des pianos professionnels à leur disposition, c’est parce que Rodrigue NOUCK ITONI avait rendu disponible son Centre de formation « A.E.A. » situé à cette époque au quartier Elig-Essono. Bien que je ne sache pas les raisons de la fermeture dudit Centre, les gens doivent savoir que c’est une institution qui a vu naître plusieurs musiciens.
* * * * *
Lorsqu’on parle de la formation des chanteurs lyriques entre 2005 et 2015, l’on a tendance à ne parler que de ceux qui sont sur les affiches présentés comme des coaches, pourtant les plus grands formateurs sont parfois ceux que les chanteurs ont du mal à citer dans leurs CV à cause de l’ingratitude dont nous avons parlé dans les 2ème et 3ème documents. Entre nous les encadreurs de ces talents, nous nous connaissons bien et chacun, même s’il ne parvient pas à le dire, connaît ses limites et ce que peut lui apporter l’autre. On ne peut d’ailleurs pas insinuer qu’il y a un meilleur, mais on peut tout de même dire qu’il y a parmi nous des imposteurs et des pédants qui, à tous les carrefours ou à chaque sortie de classe de chant, voudrait organiser des séminaires ou des sermons.
Joël NKOULOU
J’ai connu le chef de chœur et encadreur des chanteurs lyriques Joël NKOULOU uniquement dans sa mort, lorsqu’on annonçait les obsèques du chef de chœur de la Voix du Cénacle en 2016. Plus tard, j’eus la visite de quatre chanteurs dans mon Institut de musique Chœur des XX(20), demandant un séminaire de formation en préparation d’un concert. Dans notre entretien, ils me révélèrent qu’ils étaient les élèves de Joël NKOULOU le maestro de la Voix du Cénacle décédé, et je ne soupçonnais pas un seul instant qu’il fut un encadreur de belcantistes aussi, mais lorsque la contralto du nom Danielle BEYENE monta sur le podium pour un test de routine, ce que j’entendit là à ce moment relevait d’un vocal mature dont seul un grand maître peut construire la charpente ; et il y a bien d’autres voix construites comme celle-là par ce maître que j’eus encore rencontrées. Alors, je compris là pourquoi les gens le pleuraient tant, c’était en effet un Grand Maître.
La musique comme architecture
Quel est même le souci du Cameroun en matière de musique pour se laisser croire que c’est uniquement l’Occident qui doit lui porter son quitus ? On pourrait faire mille ans en train d’apprendre dans un pays étranger, en train de se faire une popularité à travers le monde, en train d’être adulé par les camerounais en tant que grand musicien qui porte le flambeau du pays sur la scène mondiale, mais au bout du compte, on finit par se faire enterrer quelque part avec son génie et son talent que les générations futures vont oublier. Qui peut donc accepter le sacrifice d’être insulté, mal compris, de ne pas plaire aux gens en bâtissant discrètement un avenir pour son pays ? C’est là le plus difficile et le moins acceptable, car dans l’individualisme idéalisme du jargon lyrique au Cameroun, malgré le semblant de collaboration, il y a peu de chance qu’on s’implique exclusivement à faire vivre mieux les autres que soi-même.
Pourtant le temps doit venir où les acteurs doivent se résigner à suivre un cheminement élaboré par la seule personne ou le groupe de personnes qui pourrait fonder le concept le plus logique et le plus rationnel. Il est important que quelque chose de progressif soit adoptée en définitive. Et pour se faire, il faut déjà accepter qu’il y ait une répartition des rôles entre les acteurs suivants :
Enseignants diplômés
Enseignants autodidactes
Enseignants permanents
Enseignants d’occasion
Coaches
Chanteurs musiciens compositeurs
Chanteurs interprètes
Chanteurs lyriques de cabaret et de banquet
Chanteurs lyriques de concert
Chanteurs d’opéra
Chanteurs d’oratorio
Chefs de chœur de chapelle
Chefs de chœur de groupes autonomes et laïcs
Chefs d’orchestre conducteur
Chef d’orchestre compositeur
Ecoles de musique (formation à long terme)
Ecoles de musique (formation à moyen terme)
Ecoles de musique (formation à court terme)
Ecoles de musique à but commercial
Ecoles de musique générale
Ecoles de musique d’un ou plusieurs instruments
Ecoles de chant
Chœurs lyriques
Chœurs d’oratorio
Chœurs liturgiques
Artistes de carrière
Artistes bénévoles (sans ambition)
Elèves artistes (débutants, intermédiaires, supérieurs)
Mélomanes instruits
Mélomanes amateurs
Musicologues autodidactes
Musicologues diplômés
Musiciens autodidactes
Musiciens instruits
Instrumentistes accompagnateurs
Instrumentistes concertiste.
Lorsque chacun va se retrouver dans un de ces rôles, on saura bien évidemment qui on peut consulter pour un concept et surtout avec qui on peut collaborer. C’est vrai qu’avec la culture généraliste de la zone francophone et la diplomite problématique du Cameroun, il est difficile pour un camerounais de s’avouer inapte dans un domaine auquel il se reconnaît lui-même médiocre, mais on préfère parfois se créer un concept qui conforte sans tenir compte de l’impact régressif de son absolu manque d’humilité. Il est bien de créer des concepts médiocres ou excellents, mais la conséquence étant que plusieurs personnes vont vous suivre ; et si c’est la médiocrité que l’on suit, alors, on pourrait avoir moins que médiocre au-devant de la scène. L’autre conséquence est telle que le pays entier va être réputé médiocre ; et bonjour l’intrigue mondial ; et le colon est content.
Les noms historiques
Hormis les rôles, il y a donc l’histoire qu’il ne faut pas mettre de côté ; il faut savoir qui est là avant, qui a fait quoi, qui a apporté quoi, où la chose a commencé, comment est-ce qu’on a procédé, avec quels moyens, etc. C’est à partir de là qu’on est sûr de savoir si on a évolué ou non, si on est sur le bon chemin ou non. Il ne s’agit pas pour moi en ce document d’écrire cette histoire, mais de citer quelques grands noms dont vous trouverez la liste intégrale dans mon livre « LE CHANT LYRIQUE AU CAMEROUN » achevé.
Les chefs de chœur formateurs de belcantistes :
René ESSO du Chœur Madrigal
DINOGUI de la Chorale Saint Nicolas de Kong
Parfait EKANI du Chœur du Candide
Guy Robert AKAMBA de la Chorale Saint Paul de Messamendongo
Jules TEUKAM de la Chorale Sainte Cécile de Melen
Joël NKOULOU de la Voix du Cénacle
Albert Raymond PENDE du Collège Mgr Vogt
Marcel EBODE du Chœur Marial de Mvolyé
Euloge ZENGUI de la Chorale Sainte Sandrine de Soa
Julien ENGOLA du Chœur des XX(20) et de la Chorale Saint Paul de Messamendongo
François NDONG de la Chorale d’Etoug-Ebé (Centre des handicapés)
Bernard AMBOLOU du Chœur du Candide
Etc.
Les chefs d’orchestres compositeurs d’œuvres dramatiques et contrapuntistes :
Jules TEUKAM (opéras, lieder, messes, comédies, arrangements)
Julien ENGOLA (opéras, messes, comédies, cantates, odes, hymnes)
Anatole AMBELA (messes, cantates)
Ces compositeurs contrapuntistes sont ceux que la scène du classique connaît et dont les œuvres ont été interprétées en concert. Cela ne voudrait pas dire qu’il n’y en a plus d’autres.
Les pianistes concertistes – accompagnateurs de chanteurs lyriques – accompagnateurs de contrepoint :
Abraham ELANGA
Achille NDOYE
Lisle DESRANLEAU
Hill de Garde KOUMA
Simon Pierre NDOYE
Olivier BELL KOFANE
Gérard ETOUNDI
Désiré La Fleur ABOUDI
Urbain NGUILLE (Pipeau)
Gauthier OWONA NDOYE
François MINYONO (Do)
Serge BILONGO
Aloys NDONGO
Thierry EKANGA
Julien ENGOLA
Serge Narcisse ELANGA (Laverdure)
Etc.
Les plus grandes chorales et les chœurs formateurs des belcantistes
Le Chœur madrigal
La Chorale Sainte Cécile de Melen
La Chorale Sainte Sandrine de Soa
La Chorale Saint Nicolas de Kong
La Voix de l’Espérance de Nkol-Eton
Le Chœur des XX(20).
Des gens se demanderont pourquoi certaines grandes chorales et les plus connues ne paraissent pas dans la précédente liste. C’est là l’occasion de préciser qu’on ne peut pas comparer le plus grand consommateur au plus grand fabricant. La plupart des grandes chorales ont comme meilleurs chantres dans leurs rangs des jeunes formés dans des chorales qui ont moins de notoriété. Cela entraine parfois un grand déséquilibre dans les chorales formatrices en fragilisant leurs effectifs et leurs performances, cas susmentionné de la Voix du Cénacle très supplantée à la Voix de l’Espérance de Nkoléton. Il y a également des chefs de chœur qui ne sont pas des formateurs vocaux, mais qui sont incontestablement meilleurs dans le chant choral. Ceux-là ne peuvent pas être cités parmi les chefs formateurs des belcantistes, et les différencier des autres chefs fait partie de la démarche architecturale de l’art lyrique et le grand classique.
Brève présentation de l’Institut de musique Chœur des XX(20), institut de formation des chanteurs et des instrumentistes
L’Institut de musique Chœur des XX(20) n’est certes pas la seule, encore moins la première école de musique au Cameroun, mais on peut dire que jusqu’ici, elle se présente comme l’une des rares écoles, sinon la seule jusqu’à vérification, à s’organiser de manière progressive avec un programme de cours à long, à moyen et à court terme.
Il essaie d’adopter un processus de formation d’une école d’art avec une progression qui comprend un certain nombre d’étapes qui sont :
La sélection des apprenants et le classement par niveau
L’établissement d’un échelonnement
L’établisse d’une progression pédagogique
La répartition des modules
La sélection des manuels
La sélection du matériel didactique
La sélection des équipements et des instruments
La sélection des enseignants
La hiérarchisation de l’administration
L’établissement d’un règlement intérieur et d’une éthique
L’adoption d’une ou plusieurs approches pédagogiques
L’organisation du timing (horaires, périodes, séquences)
L’adoption du barème
La dispensation des cours
Les évaluations et le recyclage
La proclamation des résultats et la remise des relevés de notes (bulletins)
La prime des meilleurs
Le diplôme de fin de session.
Peut-être n’ai-je pas employé les termes conventionnels, mais le processus est cela pour une institution qui se veut une « école ». Si l’on me dit que ce n’est pas ça, alors, je ne suis qu’un opportuniste qui veut juste vanter son école et qui veut se mentir à lui-même qu’il est sur le bon chemin. Et si on me dit que parmi toutes ces institutions qui se disent « écoles de musique », il y a une autre institution au Cameroun qui est dans la méthodologie conventionnelle d’une école, en ce moment en dehors de l’Institut de musique Chœur des XX(20), que l’on me la montre et je parlerai d’elle dans un document.
Cela me donne l’occasion d’esquisser en quelques lignes le fonctionnement de l’Institut de musique Chœur des XX(20) qui n’est certes pas des plus conventionnels, mais qui peut au moins répondre au processus d’une institution scolaire.
La formation à l’Institut de musique Chœur des XX(20) s’étend sur une durée de 5 à 7 ans selon les filières et les aptitudes :
7 ans pour les instruments harmoniques
6 ans et 3 mois pour les chanteurs
6 ans pour les instruments monodiques
5 ans pour l’art de la direction et la musique générale
La formation est divisée en Catégories réparties par Degrés représentés en chiffres romains
La Catégorie Primaire = 1 Degré (3 mois à 1 an)
La Catégorie Junior = 3 Degrés (3 ans)
La Catégorie Supérieurs = 3 Degrés (3ans)
Il y a la catégorie Confirmée qui n’est pas une formation mais des grades des musiciens dans l’Association, elle est représentée par des étoiles et des titres « Icône, Admirable, Excellence »
Trois grands genres musicaux avec leurs sous-genres sont au programme :
La musique traditionnelle
La musique classique
La musique moderne
Les manuels sont choisis parmi les livres théoriques et pratiques qui répondent aux normes et à la méthodologie permettant une progression rationnelle de l’apprenant.
Les cours se tiennent de lundi à vendredi avec des horaires adaptés au programme et à l’autonomie de l’apprenant. Seuls les élèves en cours spéciale ou en cours à domicile bénéficient des cours de week-end.
Les évaluations écrites et pratiques dont la fréquence est semestrielle et divisée en 4 séquences
3 grands départements (CHANT, ORCHESTRE, MUSIQUE GENERALE) encadrent toutes les filières de l’art musical, parmi les filières disponibles nous pouvons compter :
L’art du chant (Département de chant) qui prévoit
L’identification de la voix
La construction du répertoire
La technique de chant préliminaire
La technique de chant appliquée
La technique vocale préliminaire
La technique de chant appliqué
L’interprétation
La traduction et le commentaire de texte
La lecture lyrique
La scène
La tenue vestimentaire
L’analyse générale
Les langues
Les genres musicaux
Le concert et le spectacle
La lecture musicale
Le piano ou la guitare
Le piano (Département d’orchestre) qui prévoit :
Le schéma du clavier
La charpente d’un piano acoustique
La lecture musicale
Les types de doigté
L’harmonie
L’harmonisation
Les ornements
Les genres musicaux
Les différents rythmes
L’accompagnement
L’improvisation
La programmation sur synthétiseur
La lecture appliquée
La pratique rigoureuse
L’interprétation
Le concerto
Le Département de musique générale a pour filières :
La théorie complète de la musique
L’art de la direction
L’harmonie
L’art de la composition
La transcription et l’édition des partitions
Pour ne citer que ces quelques éléments
L’administration est composée de :
Un Encadreur Principal (Directeur de l’Institut)
Des chefs de département
Un secrétaire d’édition
Un économe
Un régisseur de son
Un chef infographe
Le corps des enseignants comprend :
Les encadreurs supérieurs (chargés de cours)
Les instituteurs (chargés de la pratique) et du primaire
Les assistants chef d’orchestre
Les chefs de chœur
Je puis m’arrêter à ce niveau de la présentation, question de ne pas saturer le document. Il a été tout de même nécessaire que j’aie fait cette esquisse afin de permettre au public de connaître l’avancement de nos travaux incomplets soient-ils. Le reste d’information est contenu dans nos documents pédagogiques et dans le document projet de l’Institut.
Toutes l’étendue de nos réalisations ne peut pas être visible à cause de plusieurs raisons, notamment l’étroitesse du site que nous devons améliorer avec la construction d’un établissement digne du projet ; l’instabilité de la Coordination générale de l’Association musicale Chœur des XX(20) (porteuse du projet) ; on ne peut pas négliger la contre publicité que véhiculent certains de nos élèves adultes exclus pour non-respect du règlement intérieur tenu de rigueur, etc. Par notre groupe Facebook « Association de musique chœur des vingt », on peut lire toutes les informations liées à nos activités.
Quant à l’organisation des assises suggérée à notre quatrième document, j’ai eu l’opportunité de discuter avec le Docteur Patrick NTSAMA (art du spectacle) et le Musicologue Rosny Frédéric MBIDA le soir du 17 juillet dernier, et dans notre conversation, nous avons évoqué plusieurs sujets que j’ai pu esquissés dans ce document, des sujets que l’on murira progressivement avec d’autres acteurs volontaires. Le plus important étant d’avoir entamer la démarche vers des lendemains meilleurs pour l’art que nous promouvons. Je continue de me rendre disponible pour tout échange en rapport à nos documents et à d’autres sujets bénéfiques à la démarche. Si quelqu’un a des suggestions, qu’il me les dise personnellement (le mieux par appel ou en présentiel), qu’on attende mon interaction sur ces documents dans les réseaux sociaux, car il est plus facile aux internautes d’écrire leurs intentions personnelles sur un post que de faire l’effort de comprendre l’intention d’un message qu’ils tendent très souvent à désorienter.
Conclusion
Je rappelle que mes documents ont des intentions pédagogiques ; si quelqu’un s’est senti invectivé c’est qu’il aura mal compris ou simplement qu’il fait preuve de désinvolture. Je n’ai jeté des fleurs à personne par fanatisme ou par diplomatie, j’ai simplement dit la vérité. Lorsque je n’ai pas pu citer tout le monde, j’ai mis « etc. » ou « … » pour dire que la liste est à compléter, mais quand je n’ai rien mis après une liste, c’est pour dire qu’à « ma connaissance » il n’y a pas de suite ; ce qui ne veut pas forcément dire qu’il n’y en a plus, mais que c’est moi qui ne connais pas.
Ainsi se termine la première série de nos documents pour ma contribution au chalenge de l’art lyrique et le grand classique au Cameroun. Nous savons que se construire n’est pas facile, mais c’est ne pas commencer à se construire pour perdurer dans la consommation et l’imitation de l’autre qui est la force de l’aliénation et un appel à l’esclavage. Nous devons donc de nous construire nous-même et surtout le faire avec nos propres intentions même si les autres vont nous prêter des moyens ; s’assurer que nous sommes maîtres de notre patrimoine que nous mettons au profit de notre développement socioculturel, socioéconomique pour des intérêts sociopolitiques.
Je remercie tous les lecteurs et ceux qui ont partagé ; j’espère que ma démarche a apporté quelque contribution pour d’éventuelles améliorations de notre qualité de musique et dans sa pédagogie. J’ai appris par les différentes critiques portées à mon égard et à l’égard de mes documents, et cela a aiguisé mon envie de continuer et encore plus de persévérer dans mes recherches sur la pédagogie musicale. Ma rencontre et mon échange avec le Musicologue Rosny MBIDA m’a évité de justesse une maladresse sur un certain nombre d’éléments en la science musicale, me permettant de me remettre en question et d’ajuster mes informations sur la matière. Qu’il reçoive ma gratitude.
Julien ENGOLA, Pianiste accompagnateur, Compositeur, Encadreur et promoteur autodidacte des chanteurs lyriques : [email protected] Facebook : Julien Engola, Tél : 693780693 / 697772858
______ septembre 2022