Santé publique: Plaidoirie pour une législation de l’étiquetage obligatoire sur des produits alimentaires
Les consommateurs camerounais ainsi que de nombreux pays dans le monde entier, font face à un taux de mortalité en nette croissance, du fait que les étiquetages des produits alimentaires sur le marché ne renseignent pas suffisamment lesdits consommateurs. De ce fait, il y a un gros risque de tomber sur les produits impropres à la consommation. Ainsi, une Association basée à Bamenda, connu sous l’appellation de RADA (Reconciliation and Development Association), avait menée une enquête en 2023 à l’issue de laquelle elle avait formulé un plaidoyer pour la mise en œuvre d’une législation visant à vérifier la conformité des différents packaging des produits alimentaires dans les super marchés afin que le consommateur soit renseigné sur ce qu’il consomme
Réaction ANOR
Pour mieux comprendre les mécanismes liés à l’étiquetage ainsi que les ingrédients des aliments vendu dans nos marchés, notre équipe a sollicité les éclairages de l’Agence Nationale des Normes et de la qualité (ANOR) à travers Jean Marie Mbollo Normalisateur et expert qualité à l’Anor.
Pouvez vous nous dire quelle est l’attitude à adopter par rapport à certains produits dont les étiquettes ne mentionnent pas les quantités sur les emballages ?
S’agissant notamment des produits sur lesquels l’étiquette ne stipule pas la composition puisque c’est de. ça qu’il s’agit. Je voudrais vous dire qu’il existe une norme d’étiquetage des denrées alimentaires pré-amballé. Et cette norme donne un certain nombre de prescription. Alors l’opérateur économique où le fabricant qui ne mentionne pas les spécifications de son produit, est hors norme. Il ne respecte pas les dispositions de l’Anor. Et il est passible de sanctions. Parce que c’est une non conformité majeure. Étant donné que le client ou le consommateur doit être informé sur ce qu’il consomme. Ce qui veut dire que celui qui met ce type de produit sur le marché est passible de sanction prévu par la loi 96 relative à la normalisation.
En cas d’abus quelle est la procédure à suivre?
Face à ce type de produit apparemment douteux, le consommateur lambda, est habileté à saisir l’Anor. D’autant plus qu’à l’Anor, nous avons une direction en charge de la surveillance du marché. À partir du moment où ce consommateur saisi l’Anor pour faire une dénonciation même anonyme, le personnel de l’Anor en charge de la surveillance du marché descendent sur les lieux prélèvent des échantillons de ce produit, ils font analyser dans un laboratoire accrédité / du type Institut pasteur etc./ aux frais du vendeur. Et si au vu des résultats d’analyses et d’essai, l’Anor est habileté à appliquer la sanction pécuniaire, les sanctions pouvant aller du retrait du produit sur le marché, et les sanctions peuvent aller avec l’autorité administrative compétente qui est le ministre de l’industrie, les sanctions peuvent aller jusqu’à la fermeture de l’établissement.
Alors qu’elles sont les initiatives prisent par l’Anor elle même pour endiguer ce type comportement sur la plateforme commerciale?
L’Anor dispose d’une équipe d’inspecteur assermentée qui sillonne le marché. Généralement nous saisissons et nous faisons analyser lesdits produits aux frais de l’entreprise et au finish on fait retirer les produits du marché. Étant donné que nous considérons que nous sommes dans la phase éducative, de sensibilisation, mais nous restons quand même assez ferme sur la qualité de ces produits.
Généralement nous les retirons du marché. Et les produits sont livrés par un grossiste qui est connu qui est en même temps importateur ou fabriquant. Alors nous agissons donc à deux niveaux. Au niveau du marché, nous faisons ‘a surveillance et nous remontons au niveau du fabricant ou de l’importateur en lui demandant de faire retirer ces produits là. Et nous communiquons également la position de ces produits au ministre du commerce pour que parallèlement l’équipe en charge de la répression des fraudes au ministère du commerce fasse son travail.
Qu’est ce que les consommateurs doivent faire par exemple pour être à l’abri de ces produits impropre à la consommation ou alors dangereux pour leur santé ?
Actuellement, nous avons mis en place un processus de certification des produits. Ainsi, sur certains produits le consommateur doit rechercher le logo de certification Anor. Qui s’identifie par un cercle bleu sur lequel il est mentionné en blanc/certifié Anor/. C’est la première des choses. il faut toujours chercher ce logo là. Au cas le logo n’est mentionné nulle part, il ya une zone sur l’étiquette sur laquelle apparaît un code barre. Le consommateur lambda avec son téléphone Android peux lire le contenu de ce code barre. Et troisièmement pour des produits fabriqués à la sauvette et dont les étiquettes ne comportent pas un certain nombre de renseignements, il est automatiquement conseillé aux consommateurs de ne pas s’intéresser à ce produit là, et de signaler immédiatement à l’Anor. Il en va de même, je prends un exemple des bouteilles à gaz tout consommateur qui au moment de l’achat de son gaz, se rend compte que la bouteille est veille, elle est bosselée, déformée, que la plaque du fabricant n’est pas lisible où que la peinture est complètement partie, nous conseillons à ce consommateur de ne pas prendre ce type de bouteille.
Nos confrères de NBC News aux États-Unis ont rendu un rapport d’une enquête menée sur les produits laitiers notamment de la marque Nestlé dans lesquels ils ont découvert que les produits laitiers comme le cérélac envoyé en Afrique, en Asie et en Amérique latine et destiné aux bébés contenaient une bonne dose de sucre donc nocives pour la santé des nourrissons. Au niveau de l’Anor, quelles sont les actions que vous menez pour stopper ce genre de choses ?
Par rapport à ces produits laitiers, je dirais qu’au Cameroun, l’État a mis en place ce qu’on appelle le programme d’évaluation de la conformité avant embarquement en abrégé le PKI celui-ci fonctionne avec les partenaires stratégiques avec lesquels l’État du Cameroun a signé des conventions. Notamment SGS, intertech etc… Alors ces partenaires ont la charge de prélever des échantillons avant l’embarquement des produits dans les conteneurs au départ, au pays de l’expédition, de faire des analyses dans leurs structures, dans les structures appropriées à l’étranger et de délivrer l’attestation de conformité. Alors l’Anor au vu de l’attestation de conformité délivrée par ces organismes signe donc à son niveau le certificat de conformité, qui permet au produit de sortir de la zone portuaire. Lorsque les médias signalent un certain nombre d’ingrédients incontrôlés où de dose dépassée l’Anor le signal également à ses partenaires stratégiques, en leur demandant d’être très regardant sur ce type de produit. Et nous à notre niveau tout ce que nous pouvons faire c’est d’attendre qu’on nous délivre l’attestation de conformité. Généralement les structures comme SGS sont des structures qui disposent des laboratoires disséminés partout dans le monde et qui ont une compétence avérée. C’est ce qu’on appelle dans notre jargon des structures accréditées. Donc nous faisons confiance à ces structures là. Mais néanmoins, vous les médias lorsque vous détenez ce type d’informations essayer de la relayer le plus rapidement possible à l’Anor afin que les instructions soient données aux partenaires techniques pour un contrôle accru avant embarquement de ces produits dans les conteneurs.
Par François ESSOMBA